A quand le sprint du cyclisme féminin ?

Les cyclistes féminines reviennent difficilement sur l’échappée masculine

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Photo: Unsplash et Pexels

Les cyclistes féminines reviennent difficilement sur l’échappée masculine

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D’Alfonsina Strada à Lotte Kopecky, le cyclisme féminin a fortement évolué. Aujourd’hui, la Belgique compte deux équipes World Tour. AG Insurance – Soudal, la version féminine du Wolfpack masculin, présentait d’ailleurs son effectif 2025 ce mardi matin à Bruxelles.

En 1924, Alfonsina Strada est devenue la première femme à boucler un Grand Tour (à savoir une épreuve cycliste disputée sur trois semaines). Pour parcourir les 3.610 kilomètres de cette douzième édition du Giro, elle a dû se renommer Alfonsin! En effet, à l’époque, seuls les hommes pouvaient prendre place sur la ligne de départ. Lors de la huitième étape, Alfonsina a chuté et a cassé le guidon de son vélo. Déterminée à terminer, elle est rapidement remontée en selle pour rallier l’arrivée… tellement en retard que les organisateurs ont voulu l’exclure. Face à l’engouement médiatique autour de son exploit, ils revenus sur leur décision, et Alfonsina Strada a donc finalement pu pédaler jusqu’à Milan, pour clôturer ce Giro, même si elle n’a pas été classée officiellement.

Plus de 30 ans plus tard, en 1958, le premier championnat du monde féminin, sur route et sur piste, est organisé. Pour les Jeux Olympiques, les dames doivent attendre l’année 1984 et l’édition de Los Angeles. Et ce n’est qu’en 2010, suite à une pression des coureuses, que les équipes professionnelles voient le jour. Six ans plus tard, l’Union cycliste internationale (UCI) crée une propre division : le Women’s World Tour. Actuellement, celle-ci est composée de quinze équipes venant du monde entier.

En un siècle, le monde du cyclisme féminin a énormément changé. Aujourd’hui, les coureuses professionnelles ont le droit à un salaire minimum et les équipes bénéficient d’un meilleur encadrement.

Une grande boucle à l’histoire chahutée

La plus grande course du monde, le Tour de France, a également eu beaucoup de mal à accepter les coureuses. Avant le retour du Tour de France Femmes en 2022, tel que nous le connaissons actuellement, de nombreuses tentatives ont échoué. La première a eu lieu en 1955, mais reste sans suite. En 1984, un Tour féminin a été organisé parallèlement à l’épreuve masculine, mais le manque de moyens et de couverture médiatique ont conduit à un nouvel arrêt, en 1989. Trois ans plus tard, une nouvelle tentative a vu le jour, sous l’appellation de Grande Boucle féminine. N’ayant pas la même réputation que son encombrant grand frère masculin, elle a disparu en 2009. En 2014, suite aux pressions des coureuses et du public, Amaury Sport Organisation (ASO), la société organisatrice, lance La Course By Le Tour de France. Cependant, cette épreuve, disputée sur un jour, est encore très loin du prestige du Tour masculin. Il faut attendre 2022, pour voir renaître un véritable Tour de France Femmes. L’édition 2025 se disputera sur neuf étapes et reliera Vannes à Châtel.

AG Insurance – Soudal, symbole de l’essor du cyclisme féminin

En Belgique, deux équipes ont actuellement la licence World Tour : Fenix-Deceuninck et AG Insurance – Soudal. De grands noms tels qu’Ashleigh Moolman, victorieuse à 48 reprises, Justine Ghekiere, vainqueure d’étape et maillot à pois sur le dernier Tour de France Femme, ou encore Urska Zigart, la compagne d’un certain Tadej Pogacar, composent d’ailleurs l’effectif de cette dernière.
Ce mardi 25 février, dans les locaux de son sponsor principal, l’équipe version 2025 a officiellement été présentée. À cette occasion, nous avons tendu notre micro à Kim Le Court. La championne de l’Île Maurice de cyclisme sur route en ligne et en contre-la-montre, nous apporte quelques précisions intéressantes sur l’évolution du cyclisme féminin : “Personnellement, ça fait seulement un an que je suis dans ce monde du cyclisme professionnel, mais j’ai déjà remarqué de vraies améliorations. De nouvelles courses ont été inscrites au calendrier et les retransmissions télévisées se sont améliorées. Cependant, je préférerais que la diffusion de la course intervienne encore plus tôt. Actuellement, on ne voit jamais le début de la course, mais seulement les derniers 60 ou 70 km. C’est triste pour les coéquipières et tout le travail qu’elles effectuent en amont. C’est elles qui te font devenir une gagnante de course.”

Une médiatisation en progrès, mais encore inégale

Ashleigh Moolman, professionnelle depuis 2010, nous a également apporté son point de vue quant à la médiatisation du cyclisme féminin. Selon elle, beaucoup de changements ont eu lieu récemment. Suite à une exposition télévisée grandissante, les jeunes filles peuvent désormais regarder les courses à la télévision et, pourquoi pas, croire en leur chance si elles sont mordues de vélo.

Il n’en reste pas moins que la diffusion de compétitions sportives, tous sports confondus, reste extrêmement disproportionnée entre les hommes et les femmes. Malgré le fait que la part de diffusion du sport féminin sur nos écrans a triplé ces trois dernières années (passant de 7.6% à 21.1%), le pourcentage de diffusion du sport masculin reste considérablement plus élevé (77.5%). Il reste du progrès à faire…

Source : Arcom 2023 • Apolline Merle – Franceinfo : sport

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