Retour sur les petits Belges primés lors de la grande cérémonie du cinéma français
Ce vendredi 28 février 2025 se tenait la 50ème édition des Césars. La Belgique s’y est invitée une nouvelle fois, par la voix de Bouli Lanners. L’acteur a rappelé, avant de remettre un prix, qu’en Belgique, un président de parti ne veut plus de ministre de la culture. En termes de prix, la co-production belge « Flow » a reçu le César du meilleur film d’animation. En fait, il n’est pas rare que le cinéma belge soit récompensé aux Césars.
Depuis 1976, l’Académie des Arts et Techniques du cinéma organise chaque année sa célèbre cérémonie. Si celle-ci vise en premier lieu à récompenser les acteurs et réalisations français, elle n’est pas fermée à l’international pour autant. Il n’est pas inhabituel de voir un Belge repartir avec une de ces récompenses très prisées du monde cinématographique francophone.
Retour sur la touche belge dans les 30 dernières cérémonies
Depuis 1995, le monde du cinéma belge et ses acteurs ont remporté 14 Césars dans 8 catégories différentes. Ce sont nos actrices qui brillent le plus, avec 8 Césars remportés dans 3 catégories. Yolande Moreau est la Belge la plus récompensée de la cérémonie, avec deux Césars de meilleure actrice en 2005 et en 2009 dans les films « Quand la mer monte » et « Séraphine ». En 2023, Virginie Efira remporte aussi la récompense pour son jeu dans « Revoir Paris ».
Qui a osé penser qu’il n’y en avait que pour le premier rôle ? Sûrement pas nous. Cécile de France remporte le prix de meilleure actrice dans un rôle secondaire en 2006, pour son rôle dans « Les Poupées russes ». Récemment, Emilie Dequenne l’a remporté, en 2021, dans le film « Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait ».
Enfin, le César de la meilleure révélation féminine a été remporté trois fois par des Belges. Il l’est d’abord en 1999 par Natacha Régnier dans « La Vie rêvée des anges », puis en 2003 par Cécile de France dans « L’auberge espagnole », enfin Déborah François est sacrée à son tour en 2009, pour son rôle dans « Le Premier Jour du reste de ta vie ».
Les acteurs moins primés que les actrices
La touche belge se fait moins ressentir du côté des acteurs puisque Matthias Schoenaerts a longtemps été le seul Belge récompensé. Il reçoit, en 2013, un César de meilleure révélation masculine en interprétant Alain Van Versch dans « De rouille et d’os », film très récompensé lors de cette cérémonie. Et il faut attendre 10 ans de plus pour que Bouli Lanners emporte celui du meilleur acteur dans un second rôle, pour sa place dans « La nuit du 12 ».
Même si les acteurs sont la face visible du cinéma belge, la face cachée reste bien présente et a remporté quatre Césars techniques depuis 1995. En 2004, la trilogie de Lucas Belvaux « Un couple épatant », « Après la vie » et « Cavale » reçoit le César du meilleur montage. La Belgique est fortement présente en photographie ces dernières années. Récemment, deux artistes belges ont reçu le César de la meilleure photographie : D’abord remporté en 2019 par Benoït Debbi pour le film « Les frères sisters », il l’est une seconde fois en 2022 par Christophe Beaucarne dans le film « Illusions perdues ».
Enfin, en 2020, dans une cérémonie qui a fait polémique, notamment à cause des Césars reçus par Roman Polanski après toute l’affaire #metoo, la costumière Belge, Pascaline Chavanne est récompensée du César des meilleurs costumes pour son travail dans « J’accuse ».
La Belgique comme co-créatrice
Si on étend les recherches aux films partiellement belges, le nombre de trophées remportés par notre cinéma augmente nettement. Ce ne sont plus 14 Césars belges mais bien 39 Césars quasi-belges, sur les 30 dernières éditions de la cérémonie, avec des grands films comme “Guillaume et les garçons à table !” ou “De rouille et d’os”, qui sont des films franco-belges, comme énormément d’autres réalisations.
Passer sur tous les films récompensés serait trop long, mais il reste intéressant d’en citer quelques-uns. En 2005, le film “Quand la mer monte” de Yolande Moreau est récompensé du César du Meilleur premier film. Elle est donc la seule belge à avoir gagné trois Césars, deux en tant qu’actrice et un en tant que réalisatrice. En 2013, “De rouilles et d’os”, film Franco-Belge fait un carton avec 4 Césars : meilleure révélation masculine, meilleure adaptation, meilleure musique et meilleur montage.
Les productions partiellement belges sont aussi très présentes dans le monde du cinéma d’animation, avec cinq Césars du Meilleur Film d’Animation : “Ernest et Célestine” (2012), “Loulou, l’incroyable secret” (2014), “Minuscule – la vallée des fourmis perdues” (2015), “Dilili à Paris” (2019), “Josep” (2021).
Un autre César important à noter, est la victoire en 2014 du César du meilleur film étranger par le film “Alabama Monroe”, un film belgo-néerlandais. Le même César qui avait été gagné, 22 ans plus tôt, par le film belgo-franco-allemand “Toto le héros” et, en 2018, par le film russe, allemand, belge et français “Faute d’amour”.
La Belgique et son tax-shelter
La Belgique occupe une place essentielle dans les productions françaises, notamment par l’intermédiaire du Tax Shelter. Ce mécanisme d’optimisation fiscale vise à encourager les entreprises à investir dans des productions culturelles en échange d’un avantage fiscal. Il a été mis en place en 2004 dans le but de favoriser le développement du cinéma et de l’audiovisuel afin de promouvoir la culture belge.
A titre d’exemple, les films « Le Comte de Monte-Cristo » et « L’Amour ouf », nommés pour les Césars 2025, sont deux productions franco-belges qui se sont construites sur ce dispositif. Certaines scènes de l’adaptation du célèbre roman d’Alexandre Dumas ont été filmées aux Lites Studios à Bruxelles, notamment la scène d’ouverture du naufrage et celle de l’évasion d’Edmond Dantès.
D’après nos estimations, sur les 31 films qui ont vu un César être attribué à un belge, au moins 17 avaient été financés par le Tax Shelter prouvant son intérêt pour le cinéma belge.